S’implanter dans un écolieu bouscule de nombreux repères : nouveau territoire, nouvelle communauté de vie, mode de vie plus frugal, activités à réinventer. Il s’agit de trouver un nouvel équilibre. Le plus souvent cette aventure traduit une recherche d’écologie intérieure comme extérieure, avec une intention d’impact positif voire régénératif, pour soi, l’autre et le monde.
À SaônESSence, nous accompagnons depuis plusieurs années des collectifs et des entrepreneur·es engagé·es. Comme Gwendolyne et Fiona qui sont arrivées récemment avec un projet de tiers-lieu dans le Beaujolais. Nous avons commencé par un travail individuel.
Quand l’entrepreneuriat devient un chemin d’alignement
C’était magnifique de voir leur pétillance : elles s’autorisaient enfin à investir dans leur projet de cœur, en germe depuis des années !
En travaillant sur leurs valeurs, leurs histoires de vie et leurs compétences, leur ikigaï s’est progressivement révélé — cette zone où se rencontrent talent, désir, utilité et modèle économique possible. Elles ont apprécié ce travail personnel pour toucher leur singularité, se projeter avec sérénité dans l’avenir, et offrir une énergie alignée au projet collectif. Une fois de plus, nous pouvons témoigner : l’entrepreneuriat est une voie d’épanouissement.
Ensuite, elles ont pu s’allier et travailler les aspects techniques : modèle économique circulaire, équilibres financiers, planning du projet, chacune contribuant à sa hauteur. D’ailleurs, le chemin n’est pas linéaire : les projets impliquant une communauté et un lieu sont exigeant et prennent du temps. Il convient d’en penser les étapes : formation, montée progressive de l’activité… En l’occurence, Gwen et Fiona créént leur communauté et ont des jobs à côté pour tenir la distance.
Et aujourd’hui, c’est un collectif élargi de six personnes que nous accompagnons : l’énergie se partage, les visions se frottent et se renforcent, et la cohérence collective se tisse. Elles racontent leur aventure dans Courant Porteur.
Lucidité et changement de représentations
L’arrivée dans une Oasis est nécessairement bousculante : nouveau territoire, apprentissage du vivre ensemble, réinvention de ses activités. Une quête d’écologie intérieure comme extérieure.
Mais soyons lucides : sans sécurité matérielle, l’aventure devient fragile.
Le bénévolat ne permet ni la protection sociale, ni un filet en cas de départ. La précarité n’est pas un modèle de transition : c’est un frein. À l’inverse, l’entrepreneuriat aligné peut devenir un puissant levier pour incarner sa raison d’être, générer ses propres ressources tout en contribuant au collectif.
Pour avancer, nous avons des représentations à faire évoluer. Voici 3 punchlines pour changer de paradigme :
- L’argent n’est pas l’ennemi : c’est un outil pour construire durablement ce qui nous tient à cœur.
- Entreprendre n’est pas trahir nos valeurs : c’est nous donner les moyens d’agir.
- Un collectif solide repose sur des individus qui ont pris leur place et sont économiquement épanouis.
Dans les projets communautaires, des défis supplémentaires s’invitent
Lorsqu’on entreprend à plusieurs, il ne suffit plus d’aligner une personne à sa raison d’être : il faut réussir à accorder plusieurs élans. Cela demande de clarifier ce qui relève de l’individuel et ce qui fonde la raison d’être collective, de structurer une gouvernance qui laisse place à l’initiative, de trouver les bons outils juridiques et économiques… et de cultiver une relation vivante avec le territoire qui nous accueille. Bref : faire dialoguer l’intime, le collectif et l’écosystème local.
Pour conclure
Vous l’avez compris, notre conviction est que les modes de vie alternatifs ne seront pérennes que si la question économique et le rapport au travail deviennent partie intégrante de nos utopies. Dans les communautés, l’autonomie est une valeur forte. L’entrepreneuriat permet de l’incarner sur le plan matériel.
Pour que nos Oasis vivent, se renforcent, et inspirent autour d’elles, mettons l’économie à sa juste place.
PS : C’est précisément ce que bâtit Ludovic au sein de Loutopia (site) qui est le projet de communauté inspiré du roman du même nom co-écrit avec sa femme. Avec le groupe de cofondataires, il porte plus particulièrement l’émergence du modèle économique : aligné, contributif, partagé.